Bulletin n° 46
vendredi 10 juin 2005
ÉDITORIAL
Chers amis,
C’est Jean-Luc Joly qui le rappelle dans le résumé de sa récente communication au séminaire : « Dans la perecologie se développe actuellement un courant comparatiste où il s’agit principalement d’étudier la réception ou la diffraction de l’œuvre perecquienne par la création contemporaine. Pour le dire en termes plus genettiens, ces études s’attachent à éclairer, dans l’intertextualité qui caractérise largement l’œuvre de Perec, la relation hypotextuelle après avoir surtout privilégié la relation hypertextuelle. » Pour le dire d’une autre manière encore, on est en train de passer des études du type « Perec lecteur de X » à des travaux sur « Y lecteur de Perec ». Des chercheurs se penchent désormais sur la présence de Perec dans la littérature jeunesse (Eléonore Hamaide), sur Perec et François Bon (Manet van Montfrans), Perec et Jean Echenoz (Isabelle Dangy), Perec et Paul Auster (Jean-Luc Joly, déjà cité) quand ce n’est pas, malicieusement, sur l’influence de Perec sur James Joyce (Jacques Lederer).
Par ailleurs, et les pages qui suivent en témoignent également, l’audience de Perec ne se limite plus à l’espace littéraire. Cela fait déjà un moment que les plasticiens revendiquent une part de son héritage. Aujourd’hui, ce sont les architectes, les chanteurs, les chorégraphes, les historiens, voire les grands couturiers qui s’en emparent. Ainsi, tel le ver dans le piétement de table de Grifalconi dans La Vie mode d’emploi, l’œuvre de Perec poursuit son cheminement sans fin dans le monde contemporain « suscitant d’innombrables canaux et canalicules ».
Philippe Didion